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23 décembre 2007

LBO et Société

D’un coté les opérations de LBO génèrent des résultats économiques supérieurs pour toutes les parties : Les rendements des actionnaires sont supérieurs à ceux de tous les autres placements. Ces sociétés sous LBO créent plus d’emplois que les autres en France (+6,6% d’augmentation des effectifs contre +1,6 % pour le secteur privé et -0,4 % pour le CAC 40) et en Europe (+5%). Les salariés en bénéficient comment en témoignent un turn-over plus faible dans les sociétés en LBO que dans autres ?

De l’autre une mobilisation contre ces opérations comme en témoigne une recherche sur le mot LBO dans un grand moteur de recherche où sur la page N°1 apparaissent des phrases comme « Collectif de lutte contre les LBO des spéculateurs du capital-investissement » ou « Les LBO sur la sellette » ou encore : « la lutte contre les LBO un défi de début de siècle »

Et ces critiques ne sont pas que française et mais aussi américaines et anglaises.

Qui se trompe ? Y-a-t-il un malentendu ou un péché originel ? Pourquoi critiquer un dirigeant qui devient millionnaire grâce au LBO et aura aussi en général contribué à créer des centaines d’emplois et se pâmer devant un gagnant du loto, qui aura souvent empoché beaucoup plus et rien créé pour la communauté.

Quelques raisons en vrac :

En général tout à chacun à tendance à se considérer sous rémunérer et l’argent des autres est considéré comme mal gagné (le principe du « pourquoi pas moi ? »).

On peut s’identifier à un créateur ou développeur du type Bill Gates, François Pinault ou Bernard Arnault, plus difficilement à un dirigeant en place dont on juge qu’il profite juste « d’être là » pour devenir riche ou à un gérant de fonds ‘investissement qui, certes prends des décisions importantes, mais n’est pas sur le terrain.

Un LBO brouille les frontières entres les actionnaires et les créateurs d’un coté et les salariés de l’autre (cadres dirigeants, employés et ouvriers sont tous du coté des « salariés » dans la mythique collective). C’est souvent pour cela que ceux qui participent capitalistiquement à une opération de LBO ont tendance à ne pas l’assumer : soit ils ne le disent pas, soit ils en parlent sans mettre en perspective les risques (et il y a des managers qui perdent des montants conséquents dans des opérations).

Que changer ? Quelques idées toujours en vrac :

D’abord, ASSUMER : on monte un LBO et alors ? Il y avait des actionnaires, il y a de nouveaux et on en fait partie, il n’y avait de honte pour un cadre à travailler pour une société cotée ou détenue par un fondateur/héritier, pourquoi y en aurait-il à devenir –petit – actionnaire pour faire progresser l’entreprise ?

Ensuite, PARTAGER, élargir l’actionnariat salarié, motiver sur les performances économiques…

Toujours COMMUNIQUER inlassablement sur les réalités financières car il est temps de faire entrer la culture économique dans le monde de l’entreprise et de la diffuser à tous : sans création de valeur, rien à partager et tout à perdre à terme ; sans qualité, plus de clients ; sans dirigeants et équipes motivées, pas de prise de risques calculées et pas de développement ; sans actionnariat impliqué, pas de contre-pouvoir…

Enfin, CONTRER LES PEURS par des faits. Le LBO c'est en premier lieu faire croître les entreprises, ce n'est pas l'antichambre d'une délocalisation à tout va, et en tout cas beaucoup moins que les rachats par des industriels, c'est au contraire un processus de relocalisation des centres décisions, avec lesquels vont inévitablement les emplois qualifiés... et les autres.

La transmission sans heurts des entreprises est une nécessité, sauf à la réserver à des héritiers - pas toujours les plus qualifiés - les LBO sont une nécessité. Transparence et équité doivent rester la règle pour le bien de tous et l'avenir de notre économie.

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(c)Luc Farriaux / FL Partners 2007